MINISTERE DE L'AGRICULTURE,
DE L'ALIMENTATION, DE LA PECHE ET DE LA RURALITE
Direction Générale de
l'enseignement et de la Recherche |
CIRCULAIRE DGER/FOPDAC/C2005-2003 Date: 29 mars 2005 |
Date de mise en application :
immédiate |
Le Ministre de
l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et de la
ruralité |
Objet : mission d'animation et de développement des
territoires de l'enseignement et de la formation professionnelle
agricoles publics et des établissements d'enseignement et de
formation professionnelle agricoles privés dont l'association
ou l'organisme responsable a passé un contrat avec
l'Etat.
Bases juridiques : article 205 de la loi n° 2005-157 du
23 février 2005 relative au développement des territoires
ruraux.
Résumé : la loi n° 2005-157 du 23
février 2005 relative au développement des territoires
ruraux confère à l'enseignement et la formation
professionnelle agricoles publics ainsi qu'aux établissements
d'enseignement et de formation professionnelle agricoles
privés dont l'association ou l'organisme responsable a
passé un contrat avec l'Etat une mission de participation
à l'animation et au développement des territoires qui se
substitue à la mission d'animation du milieu rural.
La présente circulaire définit les orientations et les
conditions de mise en œuvre de cette mission.
Mots clés : mission, animation, développement des
territoires, enseignement agricole, établissement.
Destinataires |
|
Pour exécution : |
Pour information : |
Préambule
La loi n° 2005-157 du 23
février 2005 relative au développement des territoires
ruraux renforce le rôle et l'implication territoriale des
établissements d'enseignement agricole. Son article 205
modifie en effet la mission d'animation du milieu rural,
conférée par les lois de 1984 à l'enseignement
agricole, pour l'élargir à une mission d'animation et de
développement des territoires.
C'est ainsi que les articles L. 811-1 et L. 813-1 du code rural
indiquent désormais que l'enseignement et la formation
professionnelle agricoles publics ainsi que les établissements
d'enseignement et de formation professionnelle agricoles
privés dont l'association ou l'organisme responsable a
passé un contrat avec l'Etat " participent à l'animation
et au développement des territoires ".
La liaison de l'enseignement agricole avec son territoire est
historiquement forte. D'un point de vue législatif ce lien a
été mis en exergue dès 1848 par les lois qui
créaient les fermes écoles et affirmaient leur rôle
de démonstration pour le milieu agricole. Plus récemment
les lois de 1984 portant organisation de l'enseignement agricole
ainsi que la loi d'orientation agricole de 1999 ont confirmé
ce rôle en conférant à l'enseignement agricole, au
même titre que la mission de formation initiale scolaire, par
apprentissage et continue, les missions d'animation du milieu
rural, de coopération internationale, d'insertion scolaire des
jeunes, sociale et professionnelle de ces derniers et des adultes,
d'expérimentation, de recherche et de développement
agricole.
Cette liaison au territoire a aussi été confortée
par la signature en 1990 d'une convention entre les ministères
chargés de la Culture et de l'Agriculture qui pose les
principes de coopérations dans trois secteurs : l'enseignement
agricole, l'animation rurale et le patrimoine. Ce partenariat s'est
traduit en régions par des conventions entre les directions
régionales des affaires culturelles et les directions
régionales de l'agriculture et de la forêt. Ces
conventions ont permis à l'enseignement agricole de mener,
dans le cadre de partenariats locaux, des actions d'animations
à caractères culturels contribuant au développement
des territoires.
Plus récemment, la convention de partenariat entre le
ministère chargé de l'Agriculture et le Centre National
de la Fonction Publique Territoriale est venue renforcer le
rôle de l'enseignement agricole pour une offre des formations
adaptée aux demandes locales.
Dans ce contexte, la présente circulaire indique et précise :
1- les notions d'animation et de
développement des territoires ;
2- les enjeux pour l'enseignement agricole de la mission
d'animation et de développement des territoires ;
3- une méthode d'identification des besoins croisés des
établissements d'enseignement agricole et des territoires en
matière d'animation et de développement des territoires
;
4- des objectifs opérationnels pour répondre aux demandes
des territoires et aux compétences des établissements
d'enseignement agricole ;
5- une démarche partagée pour la mise en œuvre de
cette mission au plan local ;
6- l'organisation interne, le rôle de chacun et de chaque
niveau de l'enseignement agricole ;
7- les moyens à mobiliser ;
8- le dispositif d'évaluation de cette nouvelle
mission.
Cette politique de prise en compte
des territoires s'inscrit dans les démarches globales mises en
place par le ministère de l'agriculture, de l'alimentation, de
la pêche et de la ruralité pour accompagner la loi
relative au développement des territoires ruraux.
Un recueil d'expériences à destination des personnels des
établissements d'enseignement agricole, accessible sur le site
internet Educagri.fr
(http://www.educagri.fr/pedago/guideterrit/sommaire.htm),
complète les démarches préconisées par la
présente circulaire.
1- Précisions sur les notions d'animation et de développement des territoires :
L'animation est une intervention
sociale, dans un espace public. Elle s'inscrit dans un contexte
donné : économique, culturel, social, environnemental et
politique.
Elle vise à :
encourager les dynamiques individuelles et collectives
;
mettre en relation des acteurs sociaux afin de favoriser
leur intégration en développant des stratégies de
communication encourageant à la participation ;
permettre à des porteurs de projet de formuler leurs
divers besoins et d'y répondre par eux-mêmes ;
favoriser une dynamique de l'innovation et
d'accompagnement du changement dans un objectif de
développement durable.
Le territoire, qu'il soit géographique, socio-économique
ou géopolitique, peut être appréhendé comme un
lieu de développement, au sein duquel des acteurs expriment
des besoins, émettent des idées et construisent, en
réponse, des projets.
Ces projets ont des caractéristiques variables : sociales,
économiques, culturelles, environnementales...
En ce sens, il s'agit bien d'un concept qui concerne tous les
aspects de la vie des habitants d'un territoire : l'habitat, la
santé, l'éducation, la formation, la culture et les
loisirs, l'emploi et la vie économique. Pour aboutir, un
projet de développement des territoires doit être
porté par les habitants et les acteurs locaux : les élus,
les responsables du monde économique, les associations, les
établissements d'enseignement, les services de l'Etat.
Or, la configuration des territoires évolue fortement : les
communes, les communautés de communes et
d'agglomérations, les pays peuvent engager les acteurs d'un
territoire, à l'échelle d'un bassin de vie ou d'emploi,
à définir collectivement un projet d'aménagement et
de développement réunissant la ville et la campagne, le
rural et l'urbain.
C'est dans ce contexte que les établissements d'enseignement
agricole, en tant qu'acteurs locaux de ces territoires, et aux
côtés de leurs partenaires, doivent désormais mettre
en œuvre des actions contribuant à l'animation et au
développement des territoires.
Concrètement ces actions peuvent revêtir des formes
diverses :
l'organisation de rencontres, forums et manifestations
;
la mise à disposition de locaux et d'équipements
;
l'expertise, le conseil ;
l'accueil du public notamment sur les exploitations
agricoles et ateliers technologiques ;
la production et la diffusion d'informations relatives aux
territoires ;
la mise à disposition de ressources au travers des
centres de documentation et d'information et des centres de
ressources ;
les plates-formes technologiques ;
les junior entreprises ;
l'accompagnement de projet.
2- Les enjeux de la mission d'animation et de développement des territoires :
Un premier enjeu pour les
établissements d'enseignement agricole réside dans un
renforcement de leur cohérence interne par la mise en synergie
de la mission d'animation et de développement des territoires
avec l'ensemble des autres missions de l'enseignement agricole et
par la valorisation des compétences des différents
centres des établissements. Il s'agira, en particulier,
d'adapter le mode de construction des connaissances des
élèves, étudiants, apprentis et stagiaires en
intégrant les territoires comme supports
pédagogiques.
Un second enjeu pour les établissements d'enseignement
agricole réside dans le fait de devenir de réels acteurs
de développement dans leurs territoires, en agissant dans le
cadre d'une stratégie inscrite dans leur projet
d'établissement. Cette stratégie se fonde sur
l'identification de besoins communs aux établissements
d'enseignement agricole et aux territoires dans lesquels ils
s'insèrent, ainsi que sur la mise en œuvre de
partenariats multiples avec les acteurs locaux (associations,
collectivités, autres services déconcentrés de
l'Etat, responsables économiques, autres établissements
d'enseignement, instituts de recherche...). Une attention
particulière sera accordée aux liaisons à mettre en
place avec les Directions départementales de l'agriculture et
de la forêt en vue de faciliter le travail en commun et de
renforcer l'identification des services du ministère de
l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et de la
ruralité au niveau des territoires.
C'est dans ce cadre que les établissements d'enseignement
agricole doivent trouver leur identité et leur
légitimité sur les territoires concernés, pour faire
connaître leurs compétences à des partenaires
potentiels et trouver leur place sur ces territoires.
Au niveau régional, un enjeu réside dans
l'élaboration du projet régional de l'enseignement
agricole qui devra trouver une cohérence et une
complémentarité des actions et positionnements des
différents établissements d'enseignement agricole, des
volontés de la Région, ainsi que des différentes
politiques portées par le ministère de l'agriculture, de
l'alimentation, de la pêche et de la ruralité.
3- Une méthode d'identification des besoins croisés des établissements d'enseignement agricole et des territoires :
De par sa nature même, les
enjeux de la mission d'animation et de développement des
territoires résident bien au niveau local et au niveau
régional. C'est donc à ces niveaux, et dans un cadre
fixé au plan national, qu'il convient d'apprécier les
actions à initier et de définir les différents
domaines (culturel, social, économique, environnemental...)
qu'elles vont recouvrir.
Mettre en œuvre la mission d'animation et de
développement des territoires suppose donc, de la part des
établissements d'enseignement agricole, l'élaboration
d'une véritable stratégie d'actions en la
matière : il s'agit bien d'impulser un projet porté par
tous les acteurs de l'établissement en cohérence avec le
projet régional de l'enseignement
agricole.
L'élaboration de ce volet " animation et
développement des territoires " du projet d'établissement
passe par une double analyse : celle des territoires dans lesquels
évolue l'établissement et celle des compétences de
l'établissement, de manière à identifier des besoins
communs et des apports réciproques.
3-1 Analyse des territoires dans lesquels évolue l'établissement et de leurs attentes :
Les territoires connaissent des
transformations importantes qui se traduisent concrètement par
une recomposition de ces territoires et par l'émergence de
nouveaux échelons territoriaux autour desquels les dynamiques
se concentrent.
Afin de situer ces dynamiques et d'identifier des partenaires
potentiels, il convient en préalable, pour les
établissements d'enseignement agricole, d'élaborer un
diagnostic socio-économique, géographique et
géopolitique des territoires, identifiant les besoins de ces
territoires, les principaux acteurs de ces territoires (pays,
communes, communautés de communes, autres services
déconcentrés de l'Etat, Conseil Régional, Conseil
Général, associations, responsables économiques...),
leurs intérêts, ainsi que les lieux de décisions et
d'influence.
L'établissement doit s'interroger sur ses territoires
pertinents d'intervention qui peuvent être multiples : à
titre d'exemples, les territoires de recrutement varient selon les
niveaux et les filières de formation. De même, un
territoire d'intervention culturelle est différent d'un
territoire économique.
Une attention toute particulière doit être portée
aux territoires locaux qui connaissent des dynamiques fortes,
à savoir les territoires d'intercommunalité à
fiscalité propre et les territoires de
contractualisation.
Chaque logique de territoires présente des aspects favorables
à la mise en place de partenariats. A titre indicatif :
les territoires d'intercommunalité à
fiscalité propre ont des compétences obligatoires et des
compétences optionnelles auxquelles il convient d'apporter une
attention particulière ;
les territoires de contractualisation constituent quant
à eux des territoires de coordination et d'animation qui
portent un projet de territoire. Les actions qu'ils mènent
s'inscrivent dans une démarche participative (un conseil de
développement est obligatoirement associé à
l'élaboration de la charte et de son suivi) et sont mises en
œuvre par une grande variété de maîtres
d'ouvrage (publics, privés, associations,
établissements...).
Afin d'identifier des actions communes autour d'objectifs
partagés avec ces deux grands types de partenaires, il est
donc indispensable que les établissements d'enseignement
agricole qui veulent mettre en place des partenariats prennent
connaissance des compétences des territoires
d'intercommunalité à fiscalité propre qui les
concernent et analysent les dynamiques des territoires de
contractualisation qui les environnent, pour voir comment, en tant
qu'acteurs de ces territoires et aux côtés de leurs
partenaires locaux, ils peuvent saisir cette opportunité pour
aider, par exemple, à la construction et à la mise en
œuvre de projets de territoires.
En résumé, les questions
que l'établissement doit se poser, lors du diagnostic de ses
territoires, visent principalement à identifier les points
suivants : |
3-2 Analyse des compétences de l'établissement :
Il s'agit d'élaborer un état des lieux des compétences de l'établissement identifiant, notamment, ses atouts pour s'adapter et répondre aux demandes locales.
a. Analyse de la situation géographique de l'établissement d'enseignement agricole et de ses ressources en termes de locaux et d'équipements :
Les établissements d'enseignement agricole, par leur
capacité d'expertise, par les infrastructures dont ils
disposent, par leurs possibilités d'accès aux nouvelles
technologies de l'information et de la communication, constituent
des centres de ressources potentiels pour leurs territoires et, de
ce fait, des acteurs privilégiés de l'animation et du
développement de ces territoires : l'analyse de leurs
compétences doit donc tenir compte du contexte
géographique dans lequel ils se situent.
La mise en œuvre des quatre autres missions de l'enseignement
agricole par les établissements a également des
retombées en matière d'animation et de développement
des territoires : c'est le cas des formations initiales ou
continues qui peuvent, chacune à leur niveau, s'adapter au
contexte local ou prendre les territoires comme support
pédagogique ; c'est également le cas des actions
menées dans les domaines de la coopération
internationale, de l'insertion scolaire, sociale et
professionnelle, de la recherche appliquée, de
l'expérimentation et du développement agricole qui
contribuent à l'animation et au développement des
territoires.
b. Analyse des atouts des centres de l'établissement :
Une des richesses des établissements d'enseignement
agricole réside dans la présence de différents
dispositifs de formation et de différents centres
constitutifs, qui, tous à leur niveau, peuvent s'impliquer
dans des actions d'animation et de développement des
territoires.
Que ce soit en formation initiale scolaire, par apprentissage ou
continue, le territoire constitue un lieu où peuvent se
construire, par l'action, les compétences des apprenants. Ces
actions peuvent s'intégrer dans la stratégie de
l'établissement pour l'animation et le développement de
ses territoires.
Il convient donc d'analyser les atouts, à la fois
complémentaires et différents, de chaque centre de
l'établissement pour participer à l'animation et au
développement des territoires.
Les centres de formation pour adultes disposent d'une réelle
capacité à imaginer de nouvelles formations
répondant à des besoins particuliers d'acteurs des
territoires dans lesquels ils s'insèrent : pluriactivité,
nouvelles attentes de la société vis-à-vis des
agriculteurs, émergence de compétences nouvelles
nécessitant un accès rapide et ouvert à des
formations et ressources adaptées, individualisées,
accessibles par les dispositifs de la formation continue, de la
validation des acquis de l'expérience et de formations
ouvertes et à distance.
Il convient aussi d'analyser la capacité de ces centres à
s'impliquer dans des actions d'ingénierie de projet de
territoire, notamment l'appui à l'émergence de projet et
à leur mise en œuvre.
En formation initiale scolaire et par apprentissage, le territoire
est un lieu où les jeunes peuvent appréhender la
complexité, s'initier à l'action, approcher des espaces
de vie qui se combinent entre eux, rencontrer des acteurs et
opérateurs auxquels ils seront confrontés dans leur vie
professionnelle, ou même simplement de citoyens.
L'organisation des formations de l'enseignement agricole met aussi
l'accent sur le contexte local : les semaines de stages et les
périodes en entreprises pour les élèves et les
étudiants sont l'occasion de renforcer les liens avec les
professionnels des territoires. Il en est de même pour
l'apprentissage qui repose sur des contrats de travail liant
l'établissement de formation, l'apprenti ou le tuteur et
l'entreprise.
Les exploitations agricoles et ateliers technologiques, réels
lieux de référence et de démonstration pour le
milieu professionnel, attestent, historiquement, l'ancrage
territorial des établissements d'enseignement agricole. La
reconnaissance professionnelle de ces centres, acquise par leur
ouverture sur le territoire, contribue fortement à la
crédibilité et à l'image des établissements
d'enseignement agricole. Ils peuvent être sources de
partenariats avec le milieu professionnel et d'autres partenaires
locaux et ainsi initier des actions d'animation et de
développement des territoires.
c. Les personnes ressources au sein de l'établissement :
L'analyse des compétences de l'établissement doit également prendre en compte les ressources humaines qui existent au sein de l'établissement. Il s'agit d'identifier les personnes ressources susceptibles de s'impliquer dans des actions contribuant à l'animation et au développement des territoires : les enseignants (en particulier les professeurs d'éducation socio-culturelle), les ingénieurs, les formateurs...
d. La présence de partenaires au sein des instances de l'établissement :
La présence d'acteurs locaux dans les instances de concertation de l'établissement d'enseignement agricole (parents d'élèves, professionnels, élus locaux, départementaux, régionaux...) constitue une opportunité pour impliquer ces mêmes acteurs dans le fonctionnement de l'établissement et les actions qu'il peut mettre en œuvre sur les territoires. De même, ces partenaires sont aussi porteurs des attentes des territoires. Ils peuvent donc jouer un rôle important dans la définition et la mise en œuvre de la stratégie développée par les établissements pour la mission d'animation et de développement des territoires.
|
3-3 Identification de besoins communs à l'établissement et aux territoires dans lesquels il s'insère :
Une fois identifiés les besoins des territoires en
matière de développement culturel, social,
économique, environnemental et en matière
d'ingénierie de projet de territoire, il convient de croiser
ces demandes avec les compétences de l'établissement.
C'est ainsi que des besoins communs pourront être
identifiés.
L'établissement peut ainsi définir des priorités,
des choix, une politique dans le domaine de l'animation et du
développement des territoires.
Le projet d'établissement est l'outil de formalisation et de
diffusion de cette politique. Il est établi en cohérence
avec le projet régional de l'enseignement agricole.
4- Des objectifs opérationnels pour répondre aux besoins des territoires et aux compétences des établissements :
Mettre en œuvre la mission d'animation et développement des territoires suppose des objectifs opérationnels.
4-1 Des activités pédagogiques et périscolaires prenant en compte les territoires :
La mission d'animation et de
développement des territoires trouve toute sa place dans la
latitude qui est donnée par les référentiels des
formations de l'enseignement agricole pour une prise en compte du
contexte local, que ce soit dans la cadre de la formation initiale
scolaire et par apprentissage ou de la formation professionnelle
continue :
de nombreux modules de formations (G4 en BEPA, B4 en BTA,
MG4 en baccalauréat professionnel, Ecologie, Agronomie,
Territoire, Citoyenneté en 2nde générale
et technologique, M4, M8 " espaces ruraux et société " et
M9 " de la production à la distribution " en baccalauréat
technologique, option " Agronomie, Territoire, Citoyenneté "
en filière scientifique, module développement local du
BTSA Analyse et Conduite des Systèmes d'Exploitation, BTSA
Service en espace rural...) sont l'occasion de mener des
observations, des études et des diagnostics de territoires en
partenariat avec des collectivités, des associations, des
représentants du monde professionnel ;
par ailleurs, dans de nombreux domaines comme la gestion
et la valorisation des espaces naturels, la gestion durable des
patrimoines ruraux, l'aménagement paysager, le
développement durable, l'agri-tourisme, des travaux
d'élèves et d'étudiants peuvent également
prendre comme support les territoires de l'établissement
;
les stages des élèves et apprentis sont
également l'occasion de renforcer l'ancrage territorial des
établissements.
Des actions ayant un impact sur le territoire peuvent être
conduites dans le cadre de la pédagogie de projets (projets
divers liés aux référentiels : Projet d'Utilité
Sociale, Module d'Initiative Locale, Module d'Adaptation
Régionale, Projet " Initiative et Communication "...).
A titre indicatif, il peut s'agir d'actions :
d'animations sociales pour les collectivités dans le
cadre des filières services ;
de manifestations liées aux sections d'animation
sportive, à l'association sportive de l'établissement,
aux activités de pleine nature ;
engendrant des rencontres, des échanges comme les
forums, les portes ouvertes, les carrefour -emploi, les colloques
et les conférences ;
de diffusion artistique et d'actions culturelles pour un
public externe ;
de promotion des patrimoines culturels et agri-culturels
(exposition, création artistique) ;
de coopération internationales, d'échanges
interculturels avec une dimension territoriale...
4-2 L'ingénierie d'appui territorial :
Globalement et conformément
à la Directive Nationale d'Orientation pour l'ingénierie
publique DGA/SDMS/DNO2005-1001 du 7 février 2005, il s'agit de
participer, en particulier en synergie avec les autres services du
ministère (DRAF et DDAF), à une ingénierie d'appui
territorial.
Dans ce cadre, au niveau de l'établissement, deux objectifs
opérationnels peuvent être identifiés :
développer une ingénierie de formation ayant
deux volets : d'une part, la création d'outils
pédagogiques et d'autre part, en formation continue, la
conception de formations nouvelles pour répondre à la
demande du terrain ;
compte-tenu de la situation locale, élargir
l'intervention de l'établissement à l'accompagnement de
projets de collectivités territoriales.
4-3 Les exploitations agricoles et ateliers technologiques :
Dans le cadre de leurs fonctions de production, de formation et de développement, les exploitations agricoles et ateliers technologiques peuvent mettre en place des actions pédagogiques mais aussi des actions d'animation et de développement ancrées sur les territoires. Ces démarches peuvent être menées dans le cadre de partenariats notamment avec les professionnels, les instituts de recherche et les établissements d'enseignement supérieur.
4-4 La mobilisation des compétences de l'établissement pour répondre à des besoins exprimés par le territoire :
La notion d'établissement
scolaire, centre de ressources ouvert sur le territoire trouve tout
son sens dans le cadre de la nouvelle mission d'animation et de
développement des territoires.
Les actions menées par les établissements dans ce cadre
peuvent relever de :
la mise à disposition de locaux et d'équipements
;
l'expertise, le conseil ;
l'accueil du public notamment sur les exploitations
agricoles et ateliers technologiques ;
la production et la diffusion d'informations relatives aux
territoires ;
la mise à disposition de ressources au travers des
centres de documentation et d'information et des centres de
ressources ;
les plates-formes technologiques ;
les junior entreprises ;
l'accompagnement de projet...
5- Une démarche partagée :
La mission d'animation et de
développement des territoires ne peut être l'affaire
d'une seule personne ressource dans l'établissement.
L'ensemble des centres de l'établissement est concerné
par la mise en oeuvre de la mission d'animation et de
développement des territoires.
Il s'agit donc, en premier lieu, de définir et de faire
partager par l'ensemble des personnels, la stratégie mise en
œuvre par l'établissement, dans ce domaine.
Pour ce faire, la mise en place d'une démarche partagée
en interne à l'établissement est recommandée.
Cette démarche peut se traduire concrètement par :
une élaboration collective du projet
d'établissement ;
une sensibilisation des membres de la communauté
éducative et des équipes pédagogiques aux
territoires dans lesquels l'établissement s'insère
;
une réflexion au sein du conseil d'administration sur
la stratégie de l'établissement dans le domaine de
l'animation et du développement des territoires : cette
question peut faire l'objet, chaque année, d'un point de
l'ordre du jour de ce conseil ou, si nécessaire, le conseil
d'administration peut mettre en place une commission de vie
territoriale spécifique à cette question ;
la définition et la formalisation de partenariats par
des conventions annexées au projet d'établissement.
Mais cette démarche de l'établissement doit aussi
être partagée en externe.
Pour ce faire, une veille sur l'évolution des territoires
ainsi qu'une politique de communication soutenue
de l'établissement vis-à-vis de ses partenaires
privilégiés (collectivités territoriales, pays,
parcs naturels régionaux, associations, professionnels, autres
services déconcentrés de l'Etat...) sont
recommandées.
6- Précisions sur le rôle de chaque niveau d'intervention de l'enseignement agricole :
La mise en œuvre de la nouvelle mission d'animation et de développement des territoires nécessite que le rôle de chaque niveau de l'enseignement agricole soit précisé.
6-1 Le niveau national :
Le niveau national définit les
orientations générales, les diffuse, s'assure de leur
application et évalue globalement les actions mises en place.
Il favorise la capitalisation d'expériences et d'échanges
de pratiques (recueil d'expériences) et veille au
développement national de partenariats institutionnels
(notamment avec les ministères chargés de
l'éducation nationale, de la recherche, de l'enseignement
supérieur, de la culture, du développement durable, de
l'emploi, de la jeunesse, des sports, de la santé et la
DATAR).
Il s'assure de la prise en compte de cette nouvelle mission dans
les actions de formation destinées aux personnels de
l'enseignement agricole (enseignants, ingénieurs, équipes
de direction...).
6-2 Le niveau régional :
Le niveau régional est le lieu
stratégique de rencontre des politiques publiques nationales
et des politiques locales. En ce sens, il veille à la
cohérence d'ensemble du dispositif au travers des projets
régionaux de l'enseignement agricole. Dans ce cadre il anime
et coordonne les actions des établissements.
Le niveau régional joue un rôle d'interface
vis-à-vis des partenaires et, notamment, les
collectivités territoriales et les autres services de l'Etat.
Il valorise les actions des établissements.
Le niveau régional assure des actions de formation
régionales incluant les personnels des DDAF et des
établissements d'enseignement agricole sur la nouvelle
mission.
6-3 Les établissements :
Les établissements
d'enseignement agricole prennent en compte cette mission dans leur
projet d'établissement. Ils peuvent notamment la mettre en
œuvre en identifiant une fonction d'écoute et de veille
sur les territoires.
Ils s'assurent que chaque centre de l'établissement y
contribue et veillent à l'articulation de la mission
d'animation et de développement des territoires avec les
autres missions.
Les établissements chargés de l'appui à
l'enseignement agricole apporteront leur expertise sur des
thématiques territoriales. De même les
établissements d'enseignement supérieur réalisent
des travaux de recherche en lien avec le territoire. Grâce
à leurs compétences, ces établissements peuvent
accompagner les établissements d'enseignement agricole dans la
mise en oeuvre de la mission d'animation et de développement
des territoires au travers de partenariats locaux et d'actions de
formations des personnels.
7- Les moyens à mobiliser :
Par nature, les actions d'animation
et de développement des territoires répondent à des
intérêts communs aux territoires et aux
établissements d'enseignement agricole.
Dans cette perspective, le financement de ces actions doit
être conçu dans le cadre d'une ingénierie de
conduite de projet qui vise à mobiliser :
d'une part, les moyens notamment en terme de ressources
humaines dont disposent les établissements ;
d'autre part, les moyens notamment financiers dont
disposent les partenaires, issus ou non de ces territoires.
L'établissement devra veiller à ce que les
différentes actions conduites dans le cadre des
référentiels de formation soient pris en compte au titre
des moyens mobilisés pour la mise en œuvre de la mission
d'animation et de développement des territoires. De même,
la mobilisation des compétences des centres de formation pour
adultes, des exploitation agricoles et ateliers technologiques
devra être recherchée et valorisée.
A terme, la mission d'animation et de développement des
territoires devrait être intégrée dans le processus
de contractualisation.
8- Evaluation de la mission d'animation et de développement des territoires :
La mise en place de la mission
d'animation et de développement des territoires doit
s'accompagner d'un travail relatif à l'évaluation de sa
mise en œuvre.
Il est naturellement nécessaire que les établissements
évaluent en interne chaque action concourant à la mise en
œuvre de la mission d'animation et de développement des
territoires : dans ce cadre, ils s'efforceront d'effectuer des
bilans avec leurs partenaires.
L'Inspection de l'enseignement agricole jouera un rôle
important dans le domaine de l'évaluation de la mission
d'animation et de développement des territoires. Elle pourra
notamment s'appuyer sur les travaux conduits par l'Observatoire
national de l'enseignement agricole et le Conseil général
du génie rural des eaux et forêts.
Dans le cadre de la mise en œuvre du projet
d'établissement, la dimension territoriale fera partie de
l'évaluation réalisée par l'Inspection de
l'enseignement agricole : cette évaluation, qui compte une
phase interne réalisée par les acteurs et une phase
externe réalisée par un groupe d'inspecteurs, portera sur
la cohérence, la pertinence, l'efficacité et l'efficience
des actions entreprises en lien avec le projet
d'établissement.
Le Directeur
Général
de l'Enseignement et de la Recherche
Michel THIBIER